Crise financière américaine 2025 : Ce que les RH doivent savoir pour rassurer sans minimiser Une tempête financière créée de toutes pièces

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Le 27 mars 2025 Par Richard DesRochers

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, les États-Unis font face à une véritable onde de choc économique. L’administration Trump, dès les premières semaines, a relancé des politiques protectionnistes, réactivé des guerres commerciales et multiplié les décrets polarisants. Parmi les mesures les plus déstabilisantes : l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur plusieurs importations, des déportations massives de travailleurs étrangers, et une politique budgétaire incertaine qui a semé la confusion sur les marchés financiers.

En moins de trois mois, les principaux indices boursiers américains ont chuté de façon brutale. Le S&P 500 a reculé de 6,5 %, le NASDAQ de plus de 8 %, et la capitalisation boursière globale a fondu de 5 700 milliards de dollars US. Cette baisse ne touche pas uniquement les grands investisseurs : elle affecte directement les régimes de retraite, les fonds communs de placement, les REER américains (401 k), et l’épargne individuelle des ménages.

Ce contexte a engendré une perte de confiance dans les institutions financières, une diminution de la consommation et une incertitude grandissante chez les citoyens. De nombreuses voix s’élèvent, aux États-Unis comme ailleurs, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une attaque contre la classe moyenne et un retour à une gouvernance instable, motivée par des intérêts oligarchiques.

Les RH canadiens doivent être prêts à répondre aux interrogations légitimes des employés, inquiets de l’effet d’entraînement que cela pourrait avoir sur leur propre stabilité financière.

Pourquoi les RH doivent jouer un rôle actif dans la communication

Dans un monde où l’information circule rapidement, souvent de façon sensationnaliste, les employés sont exposés quotidiennement à des nouvelles économiques mondiales. Cette surabondance d’informations, parfois contradictoires, alimente la peur et la confusion.

Or, les ressources humaines ont la responsabilité de maintenir un climat organisationnel sain et équilibré. Lorsque des événements extérieurs créent de l’incertitude, les RH doivent agir comme filtres, comme sources de vérité, et comme stabilisateurs.

Les Canadiens observent avec attention ce qui se passe chez nos voisins du sud. Beaucoup d’entre eux ont des placements, des régimes de retraite, ou des revenus partiellement liés à l’économie américaine. Lorsque les marchés s’effondrent, lorsque les journaux titrent sur les déportations massives ou sur la guerre commerciale relancée avec l’Europe, la Chine ou le Canada, il est normal que l’inquiétude s’installe dans les esprits.

Les RH ne peuvent pas prédire l’avenir économique, mais elles peuvent expliquer pourquoi le Canada est différent. Elles peuvent contextualiser les chiffres, présenter des faits comparatifs, et rappeler que notre système bancaire est plus encadré, que notre niveau d’endettement est différent, et que notre exposition aux risques politiques est plus faible. Il ne s’agit pas de nier les risques, mais de les encadrer pour permettre aux employés de prendre des décisions calmes et rationnelles.

Lecture chiffrée de la crise : pour une compréhension précise

La meilleure manière de réduire la peur irrationnelle est de présenter des données concrètes et compréhensibles. Trop souvent, les chiffres annoncés dans les médias paraissent abstraits. Il est donc essentiel pour les RH de traduire ces données en impacts tangibles, de manière à permettre à chacun de mieux évaluer la situation réelle et sa portée.

Voici les principaux indicateurs économiques à connaître :

Indicateur économique

Donnée estimée (2025)

Perte boursière totale aux États-Unis

5 700 milliards $ US

Population américaine (estimation)

340 millions

Perte moyenne par citoyen

16 765 $ US

Taille moyenne d’un ménage américain

2,7 personnes

Perte moyenne par ménage

45 286 $ US

Prix moyen d’une maison aux États-Unis

436 000 $ US (National Association of Realtors, 2024)

Pourcentage du prix d’une maison

Environ 10,4 % de la valeur d’une propriété

Temps nécessaire pour économiser 45 000 $ US

Environ 6 à 8 ans d’épargne pour un ménage moyen (épargne annuelle moyenne : 6 000 à 8 000 $ US selon la Fed)

Hausse du coût moyen des produits importés

+2 000 $ US par an par foyer (via tarifs douaniers)

Baisse du tourisme international

-11 % (U.S. Travel Association, perte estimée à 30 G$ US)

Nombre prévu de déportations

2 à 3 millions de personnes

Coût moyen par déportation

10 854 $ US

Coût total des déportations

21,7 à 32,5 milliards $ US

 

Ces données doivent être intégrées dans les communications internes RH afin d’aider les employés à comprendre que la situation, bien que préoccupante, est circonscrite aux États-Unis et que le Canada y est exposé de manière partielle seulement. Comparer, expliquer et contextualiser, voilà la clé pour maintenir un climat organisationnel stable.

Ce que représente vraiment une perte de 45 000 $ US par ménage

Il est essentiel de donner un sens concret à la perte moyenne estimée de 45 286 $ US par ménage américain. Pour un foyer moyen, cette somme représente environ 10,4 % du prix d’achat d’une maison aux États-Unis, qui se situe autour de 436 000 $ US en 2024. En d’autres mots, c’est comme si chaque famille américaine venait de perdre l’équivalent de la mise de fonds initiale pour acheter une propriété.

Cette somme équivaut également à 6 ou 7 années d’épargne pour un ménage moyen, considérant un taux d’épargne annuel situé entre 6 000 $ et 8 000 $ US. Pour une famille ayant deux enfants, cela représente aussi environ deux années complètes de frais de scolarité universitaire publique par enfant. C’est donc une perte qui n’est pas symbolique, mais structurelle.

Du point de vue psychologique, une telle perte génère un stress financier réel : baisse des dépenses de consommation, report de projets majeurs (achat immobilier, rénovation, vacances), et repli vers des comportements de précaution, qui aggravent le ralentissement économique général.

Pour les RH, il est fondamental d’expliquer que ces chiffres ne s’appliquent pas de la même manière aux Canadiens. Le niveau d’exposition aux actions américaines est plus modéré. Le filet social est plus protecteur. Et les programmes d’épargne comme les REER ou CELI sont souvent mieux diversifiés.

La montée des oligarques : une nouvelle forme d’instabilité

Une part croissante de la population américaine prend conscience que les décisions économiques récentes ne sont pas motivées par le bien commun, mais par des intérêts concentrés entre les mains de quelques-uns. Cette perception d’une collusion entre politique et fortunes personnelles alimente un sentiment d’injustice, particulièrement chez la classe moyenne et les jeunes générations.

Depuis 2025, les mesures prises ont souvent eu pour effet indirect — ou direct — de favoriser les ultra-riches. La réduction des impôts sur les grandes fortunes, les déréglementations financières, et la dévaluation d’actifs en période de repli boursier leur permettent d’acheter à rabais ce que d’autres perdent dans la panique. Cela crée un écart croissant entre ceux qui perdent et ceux qui capitalisent sur la crise.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il est exacerbé dans le contexte Trump 2025. Il génère un climat d’instabilité sociale, de méfiance envers les institutions, et d’indignation publique. Pour les RH, il est important de faire comprendre que ce type de dynamique sociale peut avoir un effet d’écho au Canada, notamment par l’exposition médiatique et les mouvements sociaux qui traversent les frontières.

Conclusion stratégique pour les RH

Les professionnels des ressources humaines ont un rôle de pivot dans les moments d’incertitude économique. Ils ne peuvent pas contrôler les marchés, ni empêcher les crises mondiales, mais ils peuvent assurer un encadrement structurant de la communication interne, prévenir les réactions disproportionnées, et offrir des outils concrets de résilience.

La crise américaine de 2025 n’est pas une fatalité canadienne. Elle doit être analysée, décortiquée et expliquée avec calme et rigueur. Les RH peuvent, par leur posture factuelle, nourrir la confiance au sein de leurs organisations.

En favorisant une culture de compréhension plutôt que de panique, ils assurent non seulement la stabilité immédiate, mais aussi la capacité des équipes à traverser les incertitudes à venir.

Ce moment de turbulence est aussi une occasion : celle de démontrer le rôle stratégique que peuvent jouer les RH dans la gouvernance globale d’une organisation


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